Je ne sais rien de ce groupe. Un nom relativement commun qui, sur les Internets, ne renvoie à rien de ce qui nous occupe ici. Un titre qui, toujours sur les Internets, renvoie à… vous verrez bien. Obligé de se rabattre sur le communiqué de presse. On y apprend que The Cowboy vient de Cleveland, qu’il ne faut pas confondre The Cowboy et The Cowboys, groupe de Bloomington, batifolant dans des eaux qui auraient pu être similaires mais pas du tout en fait. Le singulier est largement moins psycho-garage que le pluriel et surtout bien plus écorché. On apprend également que The Cowboy est composé au deux tiers d’Homostupids et d’un Pleasure Leftists, ce qui permet en passant de circonscrire plus ou moins leur musique : le punk des premiers sans le post des seconds.
WiFi On The Prairie est leur deuxième long-format et il ressemble beaucoup à l’éponyme inaugural sorti en 2017 sur Fashionable Idiots Records. Tous les titres en-dessous des quatre-vingt-dix secondes, une voix brutale, des riffs qui ne valent pas mieux, douze occurrences implacables (dont un époustouflant The Door) qui ne s’embarrassent d’aucun détour pour aller droit dans le mur et s’achèvent bien souvent d’une manière abrupte parce qu’il ne s’agirait pas d’affadir les flots d’urgence qui transpirent de partout. Bref, The Cowboy joue crade et n’aime pas vraiment s’éterniser. Un paradigme que l’on retrouve majoritairement dans WiFi On The Prairie bien que quelques morceaux dépassent cette fois-ci allègrement les deux minutes et que l’un frôle même les quatre (On The WiFi/Prairie). Pour le reste, le son demeure très approximatif mais ça sied bien au punk Dischordien pratiqué ici et surtout, l’urgence perdure.
Je ne sais rien de ce groupe mais au fond, je m’en fous. Ce qui importe, c’est ce que le disque procure et même si ce n’est pas bien joli, c’est franchement accrocheur. On reste dans la veine de l’éponyme mais en mieux : guitare barbelée, basse caoutchouteuse, batterie épileptique, le tout haché-menu, ça s’interrompt sans crier gare, ça reprend de plus belle et la fin arrive bien trop vite. Les morceaux sont gémellaires mais pas tant que ça à bien y regarder (et c’est pour ça que c’est mieux). The Cowboy louvoie en permanence entre post-hardcore (Do Your Best en ouverture) et hardcore tout court (SS plus loin) et reste bien évidemment très punk mais adjoint à sa mixture une vibration aussi très rock’n’roll qui apporte une touche de classicisme à l’ensemble (pensez Minutemen, Hot Snakes, Cows, ce genre).
Le chaos n’est pas que chaotique, il est aussi organisé. L’entropie s’appuie sur des structures couplet-refrain aisément identifiables et ça donne des petites bombinettes fuselées et irrésistibles comme From The Grave, New Moon Tune ou Reach The Beach qui écrasent l’occipital pour aller se caler promptement dans l’encéphale et n’en plus bouger. Il y aussi ce Trippy Movies de guingois et patraque, strictement instrumental et inattendu, qui fleure bon les senteurs boisées alors que jusqu’ici, c’était plutôt la guerre.
Et puis bien sûr, toujours cette grande économie qui pousse le trio (Steve Peffer, Josh Banaszak et Drew Vaccaro) à mettre toutes ses forces dans la bataille le plus vite possible comme s’il allait s’évaporer à la fin du morceau, ce qui décuple incontestablement son envergure. Finalement, la seule fois où The Cowboy multiplie les secondes, c’est pour donner l’impression bizarre (car trompeuse) de jouer deux fois d’affilée la même chose (On The WiFi/Prairie).
Bien sûr, rien de très nouveau mais… Qu’est-ce que c’est bon !