Machiavellian Art – Population Control

Date de sortie : 10 mai 2024 | Label : Riot Season Records

Celui-ci commence par quelques notes tranquilles, égrainées par un clavier cosmique, mais très vite, ça vrille et après 30 secondes exactement, on retrouve Machiavellian Art là où on l’avait laissé : dans le cloaque grouillant, tout près des urgences psychiatriques. Le premier titre s’appelle A Slow Death et va à l’encontre de ce que propose le groupe : une mort brutale, instantanée et douloureuse. Population Control, leur deuxième album après Indoctrination Sounds sorti l’année dernière, avance sur les chapeaux de roues et écrase consciencieusement la gueule. Ça triture et ça matraque, ça débite du riff chauffé à blanc sur une lourde rythmique, c’est toujours habillé de scories bruitistes qui décuplent le chaos, la voix éructe ses slogans et le saxophone trace des lignes droites là où tout est recroquevillé sur lui-même, s’écrasant sous son propre poids.
On le sent bien, le Population Control plus fort que nous, le truc qui empêche de penser parce qu’il n’y a plus de temps et d’espace pour le faire. Tout est tellement saturé et rempli que la moindre idée ne peut que rester embryonnaire, que la moindre conversation un tant soit peu argumentée est impitoyablement noyée sous le déluge informationnel parcellaire (et souvent orienté) auquel on ne comprend plus rien. Machiavellian Art est très fort à ce jeu-là, nous faire ressentir via sa musique les concepts qui l’ont vu naître, c’est un groupe dialectique. « It’s a year later and everything has gone from bad to worse » précisent-ils d’ailleurs inutilement sur leur bandcamp : on avait bien compris.

Et puis, tout d’un coup, à partir de Fear Of The Outside World, ça devient autre chose. Le matraquage physique devient torture psychique. Évidemment, ça fait tout aussi mal. La cauchemar mauve pénètre les neurones et les reconfigure en pompe à mazout épais et gluant. La marée noire se répand de la tête aux pieds en obturant tout.
Machiavellian Art devient moins véloce, laisse les mélodies retorses remonter à la surface tout en continuant à dégueuler ses slogans. La masse grouillante se délite mais reste vraiment bien présente et ça donne des morceaux plus longs : Crisis ou Population Control (2) (ou même le plus court Burning Mind) apparaissent ainsi comme des ruptures par rapport aux autres brûlots plus pressés.
Et quelque soit son paradigme, le groupe se montre ultra-efficace et très prenant. C’est vrai qu’on en prend plein la gueule mais on jubile. La chaos est toujours bien agencé, très construit et sous la boue, on identifie aisément les structures. C’est répétitif, volontiers psyché (on est chez Riot Season tout de même) et vraiment imparable.

Carton plein.

leoluce

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *