Date de sortie : 21 juillet 2023 | Label : Born Yesterday Records
Escape The Compound, quatrième album de Landowner, mute insidieusement. Il se situe pourtant dans l’exacte lignée de Consultant (2020), Blatant (2018) et Impressive Almanac (2016) mais s’en détache aussi. C’est un peu comme ça à chaque fois. Pour celui-là, ce qui change, c’est l’impression d’un léger ralentissement qui s’explique en partie par des claviers mis en avant et ce long titre éponyme planté au mitan du disque. Il dure presque huit minutes, abandonne sa peau puis la retrouve tout en se montrant moins épileptique qu’à l’accoutumée. C’est peut-être pour cela qu’il donne son titre à l’album puisqu’il agit dessus en y jetant un genre de velours gris franchement neurasthénique. Beyond The Darkened Library ou encore Aftermath et la plupart des titres qui le suivent gardent ensuite ce côté exténué et renfrogné comme si la face B était le négatif de la A, elle – légèrement – plus solaire.
Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, Landowner reste ce qu’il est et a toujours été, une machine implacable qui passe son temps à concasser le rythme, la répétition, la tension pour que tout rentre dans une balle rebondissante en mouvement perpétuel. Toujours sec, toujours minimaliste, le punk squelettique balance néanmoins ses rhizomes dans des contrées de plus en plus lointaines, Devo-esques presque, et ce faisant, il s’épaissit tout en restant complètement osseux.
Il y a vraiment de quoi explorer longtemps, l’envergure d’Escape The Compound étant du genre abyssale : les changements d’azimuts à angle droit, les mélodies tordues, les sons qui semblent être synthétiques, les monologues/imprécations de Dan Shaw, les phrases musicales répétées, répétées et répétées encore, les guitares jumelles qui bloquent sur le rythme motorik instillé par la batterie increvable, la basse hachée qui fournit le liant, tout ça permet à Landowner d’ouvrir son spectre.
Nineties, Thouands Of Years in Fast Forward ou Slow Tactics montrent ainsi une forme d’évidence assez nouvelle (même si pas évidente du tout), Heat Stroke ou Floodwatch se contorsionnent à qui mieux-mieux quand Beyond The Darkened Library est encore plus minimaliste, touchant du doigt une forme d’épure absolue, comme un pixel qui clignote. Et encore, je ne m’en tiens qu’à quelques titres quand tous, absolument tous, sont d’une façon ou d’une autre également prenants.
Landowner est bien le seul à faire ce qu’il fait et c’est toujours très étonnant de voir comment, avec des armes si minimales, sans la moindre once de surenchère, il demeure drastiquement obsédant.
Une nouvelle fois, impressionnant.
leoluce