Pour être honnête, j’avais complètement délaissé la musique de Daniel W J Mackenzie depuis un moment. Plutôt timide pour ce qui est de la communication sur les réseaux, le britannique se révèle pourtant relativement actif, et c’est toujours par hasard que je tombe sur ses sorties, des lustres trop tard. N’étant pas fan de tous ses travaux – souvent trop inégaux à mes yeux, ou trop expérimentaux – j’avais finalement recouvré une certaine curiosité suite à son très bon Every Time Feels Like the Last Time sorti l’an passé chez Eilean Records. Après une pause de 2 ans, le voilà donc de retour sous l’étendard droneux qui l’a fait connaitre en solo.
Encore une fois, c’est un album délicat à aborder. Le rythme est un peu dichotomique, tiraillé entre bidouillages électroniques en apesanteur et crescendos électriques. C’est quelquefois très intense, parfois étrange, souvent très beau. On regrettera peut-être un manque de fusion entre les différents choix esthétiques, concédant à l’album une multi-personnalité parfois déroutante. Gravity and Grace s’ouvre sur le très bon Burst into Stone, délicate montée en puissance magmatique annonciatrice de la tempête à venir. La production est sobre, immédiatement hypnotisante, et sans surprise quand on connait un tant soit peu les schémas d’architecture auxquels l’anglais nous a habitués. L’enchainement des 3 premières pistes fonctionne honnêtement plutôt bien et le tout s’écoute d’une seule traite.
Après les parenthèses – Cortege Emerge / Cortege Depart – un tantinet moins marquantes, la dernière partie de l’album retrouve un souffle et un équilibre que l’on avait perdu en milieu de récit, entaché de quelques écarts aléatoires pardonnables mais malheureusement un peu nuisibles à la cohérence du tout. L’ultime section devancée par le superbe Onset Eve est autrement meilleure. Rarement les riffs de Daniel W J Mackenzie ne se sont montrés aussi épiques et viscéraux. Le coup fatal est porté par le kilométrique – épuisant mais remarquable – titre éponyme, qui du haut de ses 18 minutes en roue libre nous achève à grands coups de pluie d’astéroïdes dans l’encéphale au terme d’un final proprement ahurissant.
La musique en clair-obscur d’Ekca Liena obsède autant qu’elle harasse, mais demeure toutefois terriblement humaine. Avec ses imperfections, ses excès de colère et ses moments d’égarement. La grâce seule fait exception. Deux forces règnent sur l’univers : lumière et pesanteur.