Petite infidélité à GV Sound pour cet album du Russe Astral & Shit édité par un autre label du cru, 1429 Records. En superposant cette fameuse figure équestre de Napoléon franchissant le col du Grand-Saint-Bernard à l’entame de sa deuxième campagne d’Italie (qui opposera notamment la République Française aux troupes russes du feld-maréchal Souvorov) avec les buildings d’une métropole du XXIème siècle sous une nébuleuse étoilée, Ivan Gomzikov replace quelques siècles d’histoire terrestre à l’échelle d’un grain de poussière dans l’infini des cieux, tout à faire la même impression d’insignifiance dans le grand néant noir du cosmos qu’évoquent les vortex de drones magnétiques des quatre pistes-fleuves de 20 minutes chacune composant ce Black à l’aura radiante et démesurée.
Plus profond dans ses textures et dense dans ses harmonies aux allures de liturgie cosmogonique que son successeur Wild Circus dont on parlait hier, l’album impressionne par sa dynamique complexe et ininterrompue, scintillant de mille fourmillements célestes sur le parfait Exoskeleton tandis qu’en contrebas le gigantesque tsunami de gaz et de débris d’une bombe nucléaire à combustion lente avale kilomètre après kilomètre d’un paysage soufflé sur son passage, faisant table rase pour une nouvel ère de communion avec les forces mystérieuses qui régissent l’univers (Drowning Sword). Reste à vous accrocher sur 80 minutes d’un disque en apparence statique jusqu’à ce que l’immersion fasse son effet et que le monolithe dévoile son jeu de miroirs abyssal (cf. le vertigineux Huntsman).
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