7 années après l’élégiaque album instrumental The North Green Down dédié alors à sa belle-sœur emportée par la maladie, l’Anglais Chris Hooson retrouve le claviériste et musicien électro-acoustique italien Emanuele Errante (Elem) pour de nouveau rendre hommage à une femme : son épouse Joahanna, clarinettiste sur ce What Matters Most et à laquelle le disque adresse cette gratitude d’être aimé et soutenu par quelqu’un qui nous comprend et nous accepte (« you hold me closer despite of these things that i do » sur le douloureux Shadows Are More Accurate Than Truth).
Nouveau venu dans la galaxie Dakota Suite après notamment le pianiste français Quentin Sirjacq, le Suédois Dag Rosenqvist de From the Mouth of the Sun et feu Jasper TX complète le line-up et cette fois pas question comme avec Vampilia sur l’excellent The Sea Is Never Full de s’influencer mutuellement pour accoucher de quelque chose n’appartenant vraiment ni à l’un ni à l’autre… Sur What Matters Most, mi-instrumental mi-chanté, chacun apporte simplement un peu de soi, énormément même dans le cas du guitariste et pianiste de Leeds sur des complaintes slowcore acoustiques aussi ferventes et dépouillées que Now That You Know, tout juste sous-tendue par quelques synthés oniriques, percussions cristallines et tressaillements de bruit blanc, ou Falling Apart in Stages avec son linceul de cordes affligées et d’harmonies vocales évanescentes, deux chansons sur lesquelles son timbre à la Markus Acher (The Notwist) serre le cœur.
Plus présents avec leurs drones grondants et synthés vaporeux sur le jazzy De Ziekte Van Emile ou le final ascensionnel Someday This Pain Will Be Useful To You aux chœurs féminins éthérés, Errante et Rosenqvist tirent quelque peu l’album vers l’ambient expérimentale sans rien lui retirer de son lyrisme tristounet ni de sa profonde émotion mélodique, faisant de What Matters Most le disque fédérateur par excellence entre amateurs de songwriting poignant et d’explorations sonores plus poussées (cf. les douces distorsions et les field recordings pastoraux et pluvieux de Broken Things Are the Glue of the World).
Néanmoins c’est bien sur les titres où les trois sont au diapason, intervenant à parts égales, comme sur l’instrumental d’ouverture Constanta, 1992 pour piano alangui et crescendo de saturations, l’introspectif Nothing Is As Effective As Defeat aux lancinantes interférences électroniques et crépitantes, ou le requiem stratosphérique Now I am Lost aussi délicat qu’abrasif, que cette collaboration fait merveille, transcendant les compositions du Britannique en une véritable bande originale de ses états d’âme les plus contradictoires parfois, à l’image du fabuleux I Survive Only in Someone Else dont le spleen romantique se mue peu à peu en véritable tempête sous un crâne.
Le chef-d’œuvre absolu d’une discographie qui ne manquait déjà pas d’enregistrements de chevet.
J’ai suivi cette sortie à cause du lien avec Dag Rosenqvist de From the Mouth of the Sun. C’est vrai qu’il est magique cet album.