Troisième référence de son propre label Sunruin Records qui semble verser un peu plus à chaque nouvelle sortie dans le sombre et l’expérimental, Skeptics fait suite au déjà impressionnant Incipit Contradictio EP de février dernier et nous plonge encore plus avant dans l’univers évocateur et ténébreux de Fabien W. Furter, échappé des stoner-doomeux Wheelfall qu’avait révélés l’an passé cette même écurie et récemment rallié à la cause du death metal bluesy et blackisant de Phazm. Parvenant à l’image de The Haxan Cloak ou Demdike Stare à mêler l’abstraction des rythmiques post-industrielles aux fantasmagories cinématographiques du dark ambient façon Miasmah, le Nancéien a fait ses armes au conservatoire et en met à profit une certaine rigueur dans la composition qui lui permet de construire de véritables histoires sans images, les apports mesurés d’un violoncelle anxiogène et d’un piano funeste accentuant cette impression de bande originale imaginaire.
Capable de révéler la mystique des corps en putréfaction (ces bourdonnements morbides des diptères qu’on aurait volontiers imaginés chez Pharmakon), de sonder le mystère des trous de vers (reste à savoir lesquels, de vers…) et de sonner le glas du genre humain dans un même mouvement, FWF se réclame de Nietzsche et de Burroughs mais finit surtout par sonner comme le Lovecraft du dark ambient, pour cette interpénétration de l’ancien et du moderne (on entend aussi bien du glitch et de l’indus que du classique contemporain sur Devotion, à la croisée des tourments liturgiques de Ligeti, des nappes de synthés épurées d’Eno, de la tension minimaliste et angoissante de John Carpenter, du lyrisme post-goth évanescent de Trent Reznor et des affleurements saturés de Ben Frost), mais également du viscéral et du savant, de l’ésotérique et du monstrueux, de l’élégant et du grouillant. Captivant !
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