Je ne sais plus comment j’en suis venue à écouter un morceau de La Secte du Futur (pas à cause de l’artwork déjà) (alors que les précédents étaient cools, merde vous avez fait quoi les gars). Cette première écoute de Wounded Princes, troisième LP du groupe parisien qui réunit des membres de Catholic Spray et de JC Satàn, ne laissait pas tellement présager (tant) de suivantes. Généralement, rage et synthés en néon ne rentrent pas au panthéon de mes combos préférés. Mais au delà du bordel apparent, le fil des écoutes révèle la subtilité du dosage et la rigueur de l’exécution. Voir même le gros assortiment de tubes.
Année 3112, l’astrologie est reconnue par un diplôme d’Etat, la médecine du travail procède à des exorcismes préventifs et la musique se pratique clandestinement dans les cimetières. Nos templiers du troisième millénaire viennent cracher leur haine de leur époque en opérant un radical retour aux sources : des guitares et des synthétiseurs. Pour qui est un peu habitué aux sonorités néofolk, le côté cavalier des hymnes post-apocalyptiques qui peuplent Wounded Princes ne choquera pas (il y a du Rome dans Anthem For Fire). De même, si on a de la tendresse pour la pop francophone typée La Souterraine – invoquée par l’alternance des titres en français et en anglais – le plaisir ne sera pas boudé. Difficile de pas penser à Requin Chagrin sur Noire Mélopée ou à Alphatra sur Rise And Fall Of The Ottoman Empire. Mais les influences sont distillées avec mesure et le premier degré formellement contourné. Impossible de réduire le groupe à la somme de ces évocations. C’est pas compliqué : ça ne ressemble à rien, ça donne envie de sauter partout et ça s’écoute très fort. Genre VRAIMENT très fort. Vous ne le regretterez pas.
Il y a une forme de noirceur joyeuse dans les cavalcades de La Secte Du Futur. Les saturations revanchardes émaillent les ruées mélodiques, entrecoupées de solos qui tâchent et d’une rythmique grisante comme un shoot d’adrénaline. Si les synthés convulsent de flashs, la toile de fond est d’encre. Tout est mort, tout est fini, on ne peut que danser sur les cendres de ce qui fut un jour chéri. On a perdu l’insouciance, on s’est cramé les plumes. On a engagé un peu trop de soi-même pour se retirer du jeu intact. Il ne reste plus qu’à cultiver sa peur aux ventre et à rire à la face de ses démons. Dans la rage et dans l’urgence, les résidus de romantisme trouvent un terreau où s’embraser. Les ritournelles obsédantes soufflent sur le feu des brûlures. On peut s’aimer fugacement sur First Men On The Moon en oubliant, à l’ombre des barricades, l’issue maudite des étreintes.
C’est bon on l’a, notre bande-originale de la révolution. Plus besoin de chercher par quoi remplacer HK & Les Saltimbanks. Vous allez voir, la CGT, ça ira super bien avec les merguez.